« Nous devons aller au-devant des entrepreneurs à chaque étape de la mission »
Depuis deux ans, les pouvoirs publics se sont lancés dans une politique de simplification tous azimuts, qui s’est accélérée début 2014 avec la création d’un Conseil de la simplification. Cette volonté réformatrice est certes louable puisqu’elle répond à la nécessité d’alléger les normes et de simplifier les procédures, en visant ainsi à produire un véritable choc de compétitivité juridique.
Néanmoins, elle doit être regardée avec attention car elle peut emporter avec elle des mesures contre-productives. Ainsi la menace d’un relèvement des seuils d’audit pourrait revenir à l’ordre du jour, même si elle a été temporairement écartée par l’effet conjugué de la réforme de l’audit et des actions de lobbying conduites par la CNCC et les CRCC auprès des ministres comme des parlementaires concernés. La pétition signée en juillet 2013, par une écrasante majorité des professionnels, a inauguré une phase offensive, durant laquelle les institutions ont démultiplié les actions de communication pour aller à la rencontre des entreprises, des responsables politiques et de l’environnement. Une nouvelle étape a été enclenchée au début de l’été, par la mise à disposition des CRCC d’un dossier de communication et d’actions et par une réflexion de fond sur des axes de progrès de l’audit. L’organisation en juillet de la première journée PE/PME suivie de sa régionalisation dans plusieurs CRCC, la réalisation d’un film pour témoigner de l’utilité du CAC, un canevas de thèmes d’assemblée générale communs sur le sujet…sont autant d’actions visant à démontrer l’utilité de la profession et à nourrir sa relation avec l’entreprise, mais aussi à mobiliser les auditeurs pour qu’ils relaient le message à leurs clients. << Nous devons aller au-devant des entrepreneurs à chaque étape de la mission, renforcer avec eux le dialogue et leur démontrer tous les apports de nos travaux. Ceci suppose, pour la Compagnie, d’aider les professionnels à être plus convaincants pour être mieux compris de leurs clients. De nouveaux outils simplifiés, permettant au commissaire aux comptes de bien présenter la différenciation de ses travaux de ceux de l’expert-comptable, sont proposés. D’autres suivront, comme par exemple, sur l’analyse des contrats, la sécurité des systèmes d’information, ou encore la fraude>> explique François Hospital, Président du groupe de travail Simplification qui a animé la réflexion.
La profession doit également sortir de la simple démarche d’opposition, qui serait jugée par certains trop << corporatiste>>, en écoutant les attentes des entrepreneurs et en démontrant sa capacité à évoluer et à adapter davantage sa mission. Ce dialogue progressiste avec l’entreprise a été largement initié par l’adhésion aux Medef régionaux et à la CGPME de nombreuses CRCC et au travers de rencontres en région avec ces organisations patronales.<< Nous allons, à l’avenir, intensifier ce dialogue pour voir s’il est possible de faire bouger les lignes favorablement dans la définition de notre mission ou de son périmètre>> analyse François Hospital. En fait que disent de nombreux entrepreneurs? Que limiter les critères d’intervention du CAC à la seule forme juridique ne prend pas en compte les particularités d’entités ou de situations qui nécessiteraient pourtant une surveillance accrue, sans parler des stratégies de contournement des seuils bien connues en France. Des situations où un CAC devrait s’imposer existent : SARL Mère/fille , ISF , Pme , Selarl….<<Nous souhaitons aussi que les pouvoirs publics allègent les contraintes juridiques qui pèsent sur la profession et n’apportent pas de valeur ajoutée à la mission, comme l’obligation de vérifier tous les trois ans les résolutions sur toute augmentation de capital réservée aux salariés , ou de produire une attestation de cinq plus fortes rémunérations. Quant à nous, nous devons devenir des << acteurs de l’anticipation>> et démontrer aux politiques que nous voulons et pouvons, dans le respect des normes ISA, faire évoluer encore la norme PE pour garantir cette sécurité financière dont l’ensemble des acteurs et notamment les plus petits, a besoin pour assurer la confiance. Il nous faudra analyser toutes les situations qui nécessitent la présence d’un auditeur>> résume François Hospital.
Une démarche ouverte, offensive et démonstrative pour convaincre des pouvoirs publics qui savent par ailleurs accorder leur confiance à la profession puisqu’ils lui ouvrent de nouvelles missions dans les secteurs public et para-public.